Certains agissements mettent en lumière la manière de fonctionner d’individus qui mettent leur intellect au service d’un comportement abusif.

Quand on craint d'être injuste, on a toujours à craindre; - Et qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre, - Fuir comme un déshonneur la vertu qui le perd, - Et voler sans scrupule au crime qui le sert. Pierre Corneille

Afin de bien comprendre les rouages de leur cerveau, il est au préalable nécessaire d’avoir une connaissance approfondie des faits qu’on leur reproche.
Poser des questions à un suspect interrogé est un exercice complexe qui nécessite autant d’avoir une bonne compréhension du contexte délictueux que de la manière de réagir de certains individus qui vont utiliser tous les expédients possibles pour ne pas être inculpés.
L’exercice particulier d’un interrogatoire où un témoin est plus ou moins obligé de se justifier et de répondre ne reflète cependant pas une situation courante. En effet, dans la vie de tous les jours il est facile de se défiler, de refuser de communiquer, voire de couper tout contact avec les personnes qui nous dérangent.

Découverte de la vérité

Malgré ces restrictions, il est toutefois possible de tirer des enseignements très utiles sur la manière de répondre et sur le contenu des messages des personnes qui ont quelque chose à se reprocher. Un exercice qu’il est souhaitable d’effectuer avant que ces personnes aient l’impression de se retrouver le dos au mur. L’attitude d’un coupable étant représentative de son état d’esprit, on suppose qu’une personne innocente va différemment réagir lors d’une interrogation. En règle générale, un innocent n’éprouve pas de difficulté particulière à répondre à des questions, si elles lui permettent d’établir une fois pour toutes qu’il n’a rien à voir avec l’acte incriminé. Par ailleurs, un innocent participe volontiers à la découverte de la vérité.

Pourtant, un coupable, bien qu’il nie parfois de manière véhémente ce qu’on lui reproche, n’est pas obligatoirement dans une attitude de déni, dans un refus de collaborer. Il peut au contraire se croire assez malin pour s’en sortir, en noyant le poisson ou en semant la confusion dans les esprits des investigateurs. Les caractéristiques du criminel roublard et manipulateur se retrouvent bien souvent dans la préparation même de son crime, dans sa manière de dissimuler ses intentions et, ensuite, de détruire toutes les preuves compromettantes.

Malgré son ingéniosité, le criminel le plus brillant oublie occasionnellement dans le feu de l’action, et par la suite, dans l’euphorie que lui procure le sentiment d’être au-dessus des lois, certains éléments qui causeront sa perte.

Comment va-t-il réagir lorsque des questions embarrassantes lui sont adressées ?

Perte de mémoire

Une manière assez courante de répondre de la part des suspects lors d’une interrogation policière est simplement de dire « je ne me souviens pas ». Cette défense est systématiquement utilisée par la plupart des inculpés lorsque des preuves irréfutables de leur culpabilité n’existent pas. Différents indices les placent potentiellement sur la scène du crime, mais il manque le fait accablant qui lèverait tous les doutes. La défense du « je ne me souviens pas » est aussi bien utilisée par des personnes au coefficient intellectuel élevé que par des individus peu portés sur la réflexion. À première vue, cette défense surprend compte tenu du caractère récent des faits débattus. Pourtant, des événements proches semblent avoir été totalement effacés de leur mémoire. Afin de justifier cette amnésie sélective, certaines personnes avouent même avoir consommé des stupéfiants ou d’autres substances. Comme par hasard, juste avant le crime !

Lorsque de nouveaux éléments apparaissent durant l’enquête, ces personnes retrouvent subitement la mémoire et modulent leur récit en fonction de ces données. Sans pour autant renoncer à évoquer leur amnésie lorsqu’ils sont à nouveau confrontés à des questions embarrassantes.

Manœuvres de diversion

Le suspect produit une quantité impressionnante d’informations pour se justifier. De nombreuses contradictions apparaissent dans ses dépositions. En déplaçant l’attention sur des questions secondaires, le suspect est parvenu à détourner les observateurs du thème principal. Ces manœuvres sèment également la confusion en créant de nouvelles pistes qui ne mènent nulle part.

Afin d’appuyer sa version des faits, le suspect est capable de modifier la scène du délit, faisant croire à un déroulement différent. Un acte sexuel est dissimulé en vol ou le contraire. Si le suspect ne peut pas nier sa présence au moment du délit, il prétextera un accident. Par exemple, il a trouvé le corps de la victime au bas d’un escalier. Ce qui laisse présager d’une chute accidentelle.

Affaire classée

Si le suspect bénéficie d’un acquittement en première instance ou lorsqu’un innocent est condamné à sa place, il affirme que l’affaire est classée. Il est inutile d’y revenir, car il considère la première décision du tribunal comme définitive, malgré la découverte de nouvelles preuves accablantes contre lui. Ce faisant, le suspect montre sa réticence à discuter du cas, ce qui est en fin de compte une attitude assez significative de non-collaboration avec la justice. Tout le contraire d’un innocent, qui cherche plutôt à faire toute la lumière sur une affaire, afin d’être lavé de tout soupçon.

Absence d’empathie

Si une personne commet un délit prémédité, c’est que dans son esprit une telle solution s’impose pour régler un problème. Convaincu du caractère approprié de sa démarche, bien que dans l’obligation de ne pas se trahir, le coupable va néanmoins manifester, à travers ses déclarations, le peu de respect qu’il éprouve pour la victime. Il essaie de ternir sa réputation. Il répand de faux bruits sur elle. Le but est de montrer que la victime mérite finalement le traitement qui lui a été infligé.

Psychopathe pervers

Ces personnes tirent une certaine fierté d’avoir enfreint les règles de la société. Ils se considèrent au-dessus des lois et exigent un traitement de faveur. Certains se croient plus malins que les représentants de la justice. Ils ressentent une espèce de jouissance lorsqu’ils bravent impunément les interdits. Ils défient l’autorité et scandalisent les observateurs par leur attitude choquante. Tout cela après les épreuves tragiques qu’ils font supporter aux victimes. C’est en les comparant avec d’autres personnes, placées dans le même contexte, que l’on constate que quelque chose ne cadre pas dans leurs réactions. Le psychopathe plaisante alors que d’autres criminels sont submergés par le poids de la culpabilité. Le pervers narcissique se donne en spectacle lors d’un procès, alors que les familles de la victime sont accablées.