Tout rapport avec un manipulateur pervers montre à quel point il est important de prendre des mesures appropriées afin de prévenir les conséquences nuisibles de ce genre de relation.

Un parasite c'est un organisme vivant qui vit aux dépens d'un hôte. Il y a des parasites qui sont bénins et qui ne font pas trop de dégât, et il y a des parasites qui vont jusqu’à tuer leur hôte. À priori cela parait un peu idiot de tuer son hôte car à ce moment-là le parasite ne peut plus vivre. Mais c’est beaucoup plus astucieux que cela. Parce que ça lui permet de se reproduire et de se multiplier. Partout où il y a une ressource, la vie s'installe et tire parti de la ressource. Donc c'est normal qu'il y ait des êtres vivants qui s'y intéressent et qui vivent à nos dépens. Francis Hallé

La nécessité d'une protection s'impose généralement à une personne lorsqu’un danger est plus ou moins établi.

Le risque inhérent à la fréquentation d’un pervers n'est cependant le plus souvent perceptible, que lorsque l'on a été l'objet de sa malveillance. C’est-à-dire trop tard.

Certes, il est parfois encore possible de réagir afin de limiter les dégâts. Cependant, dans la majorité des cas, la marge de manœuvre est très étroite. D'autre part, le manipulateur, se voyant découvert, est aux abois. Soit il bat en retraite et refuse de communiquer, soit au contraire, il fait face avec un aplomb provocateur. S’il se sent acculé, sa peur d'être sanctionné pour les méfaits qu'il a commis le conduit très souvent à réagir avec violence. C'est quand il estime n'avoir plus rien à perdre que le manipulateur pervers est le plus dangereux. 

Comment procéder alors pour annihiler dans l’œuf toute velléité de sa part ?

Manipulateur pervers

La capacité de dissimulation d'un manipulateur pervers rend sa détection particulièrement complexe. Pourtant, c'est bien au stade initial d'une relation avec ce type d'individu, bien avant de lui accorder sa confiance, qu'une saine autoprotection doit être mise en place. Pour ce faire, il est essentiel de reconnaître les signes avant-coureurs d'une relation manipulatrice. 

Le manipulateur, contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, n'est pas un extraverti, expansif et exubérant.
Cela tient au fait qu'il doit séduire sans se trahir. Sa manière est donc plus contrôlée et attentiste. Lors d'un premier contact, il ne cherche surtout pas à faire de vagues. À ce stade initial, son seul objectif est de gagner la confiance de ses interlocuteurs. Pour y parvenir, il privilégie toujours l'économie de moyens. Il suggère, plus qu'il n'essaie de convaincre. Lorsque sa tactique d'approche ne fonctionne pas, il n'insiste généralement pas. Pour s’expliquer, il n'entre jamais dans de grandes discussions qui mettraient en évidence le manque de rationalité de ses arguments.
Comme le manipulateur doit au préalable s'assurer de la bonne disponibilité de son auditoire, il tisse immédiatement sa toile ou alors se désintéresse de la situation et passe à autre chose. En réalité, il ne fait qu'agir selon sa nature, dans tous les contextes dans lesquels il perçoit que les points faibles de ses interlocuteurs sont saillants. Ceux qui savent comment fonctionne un manipulateur ne peuvent que se rendre à l'évidence : il profite simplement de la bonne nature des êtres humains, et plus particulièrement de leurs bons sentiments. C’est cette disponibilité qui fait qu'un individu est souvent prêt à accorder de l'attention et du crédit à quelqu'un qu'il ne connaît pas, même si c'est une fripouille. La plupart des personnes partent du principe que leurs semblables ne vont pas les agresser sans raison, et qu'ils seront par conséquent aussi bien intentionnés qu'elles. Le manipulateur sait parfaitement se tenir et ne déçoit jamais ses cibles lors d'un premier contact. Il est donc généralement impossible d'affirmer, à ce stade initial et même après coup, d'avoir échappé à l'emprise d'une personne malveillante. Ce sont donc des facteurs finalement assez subjectifs qui débouchent sur un pressentiment assez fugitif  qui conduit à prendre la décision de ne pas poursuivre la relation plus avant. Toutefois, les attitudes suivantes sont observables bien qu'elles ne soient pas propres aux personnes manipulatrices.

La première impression laisse toujours apparaître une image bien lisse où la courtoisie est mise en valeur.
C'est presque toujours le manipulateur qui prend l'initiative sous un prétexte des plus banals.
Le manipulateur est à l'écoute. Il fait sembler de s'intéresser à sa cible. Il teste son environnement.

Dissonances

Une petite dissonance peut néanmoins intervenir à ce stade lorsque l'on s'interroge sur les raisons de son empressement. Il faut cependant être très attentif pour la percevoir. 

Le premier contact se noue par l'appel aux sentiments.
La manipulation perverse ne fonctionne que lorsqu'elle bénéficie de l'empathie des autres.

1. Le transfert positif
Il m'aime.
2. Le mythe fondateur
Trop beau pour être vrai.
3. L'engagement moral
Il pense comme moi.
4. L'accord tacite
Il mérite que l'on s'intéresse à lui.

Les émotions ressenties sont souvent contrastées. C'est presque trop beau pour être vrai. Ce qui peut créer un certain malaise, du style : " qu'ai-je fait pour mériter autant d'égards ?"

Lorsque vous avez commencé un rapport avec un manipulateur pervers, c'est qu'il est parvenu à gagner votre confiance. Sans vous en rendre compte, vous avez répondu à ses attentes, qu'il a formulées de manière indirecte grâce à certains stratagèmes utilisés pour s'assurer que vous êtes une cible potentielle. À ce stade, il est encore possible de faire marche arrière. À la seule condition toutefois de déceler son mode opératoire. 

Démasquer son jeu nécessite l'identification des petits détails dissonants, produits par l'artificialité de son attitude. Le manipulateur répète un script manquant de spontanéité. Il est possible d'observer ces automatismes dans d'autres contextes ou des situations similaires. Face à l'imprévu, il se trouve habituellement désarmé, et recourt alors à des ficelles encore plus grosses qui le trahissent. À ce stade initial, il est important de se demander quelle est sa motivation première, ou en d'autres termes, de parvenir à saisir la raison pour laquelle vous êtes un bon parti pour lui. Pour répondre judicieusement à cette interrogation, ne pensez pas en termes de qualités humaines, mais plutôt d'atouts physiques ou matériels. Le manipulateur s'intéresse à vous, car vous pouvez le servir sur des points qui renforcent son ego. Tout le reste est pour lui superflu.

Son mode opératoire se dévoile lors d'une seconde phase de la relation, après avoir acquis votre confiance initiale. Cependant, il vous épargne encore et s'en prend plutôt aux autres.

1. Il ne communique pas de manière transparente.
2. Il ne ressent pas le besoin de se justifier.
3. Tous les problèmes qui surgissent sont de la faute aux autres.
4. Il a besoin d'un bouc émissaire pour se défouler.

Ce sont vraiment ces signes avant-coureurs qui doivent vous mettre sur vos gardes. En analysant rationnellement son comportement, vous prenez conscience que son besoin de créer des psychodrames sert uniquement à dissimuler SON comportement abusif et SES problèmes.

Comment éviter de mordre à l'hameçon ?

 Ses histoires ne tiennent pas la route. Elles sont le reflet d'une vision du monde très polarisée où il personnifie le bien contre des ennemis diabolisés.   Faites-le parler sans vous montrer méfiant ou le juger. Accumulez les indices de son manque d'objectivité. Il essaie de vous entortiller en prenant appui sur votre empathie et le capital de sympathie que vous lui avez instinctivement accordé. Mérite-t-il votre indulgence ? Analysez les faits, en particulier lorsque votre ralliement à sa cause sert à s'en prendre à ses ennemis. Réfléchissez bien à la nature de votre implication. Prendre fait et cause pour lui, au détriment de quelqu'un d'autre, que vous ne connaissez que par la description qu'il en fait, est propice à produire des jugements erronés ainsi que de futures injustices si vous devez collaborer à ses futures campagnes punitives. 

Après avoir semé la zizanie autour de lui, vous devenez son souffre-douleur. Cette troisième phase que vous ne suspectez pas intervient généralement quand la tromperie a déjà porté ses fruits et lorsqu'il veut mesurer votre degré d'attachement à son égard. Vous êtes maintenant dans l'œil du cyclone. C'est à ce stade qu'il va exercer sa domination en profitant de votre dépendance. Si vous éprouvez des sentiments pour lui, ce qu'il a vérifié préalablement, il va s'en servir pour vous culpabiliser. Dans ces situations, les ressorts de l'abus, déjà opérationnels, visent un plein rendement. Il va éprouver votre capacité d'encaissement jusqu'à leur point de rupture. 

Se défaire de l'emprise

Il devient impératif de se défaire de l'emprise avant d'être totalement étouffé. Le manipulateur s'enroule autour de sa proie au sens propre comme figuré. La communication devient complètement viciée. Il n'a désormais plus qu'un seul but : vous presser comme un citron, quitte à vous détruire ou à vous laisser exsangue. 

C'est le moment d'agir en se démarquant entièrement de sa logique. La plus grande difficulté, lorsque l'on est déjà impliqué dans une spirale destructrice, est de finir par adopter le langage de son adversaire. Ou alors, ce qui est pire, de former l'illusion que cette personne, qui soudain nous crée de telles difficultés, n'est pas dans un état normal et qu'elle va bien finir par s'apercevoir de son fourvoiement. Rien n'est plus faux. Le manipulateur ne connaît pas d'autre possibilité que celle d'agir comme il a l'habitude de le faire. Penser le contraire est le meilleur moyen de perpétuer l'abus. Malgré toutes vos qualités, vous n'êtes pas doté de forces et de capacités extraordinaires pour contrer ce genre d'individu. Laissez-lui donc le sentiment d'avoir pris le dessus sur vous et consacrez-vous à préserver votre santé. Réservez votre joie de vie et votre énergie à ceux qui en valent vraiment la peine.