Gaslight, traduit en français par « Hantise», est un thriller psychologique mélodramatique réalisé en 1944 par George Cukor. L’intrigue du film a le mérite de replacer dans son contexte originel le sens attribué aujourd’hui au phénomène du détournement cognitif (gaslighting).

Manipulation visant à faire douter une personne d'elle-même en ayant recours au mensonge, au déni, à l'omission sélective ou à la déformation de faits, et ce, afin de tirer profit de l'anxiété et de la confusion ainsi générées.Office québécois de la langue française

Paula, l’héroïne du film, s'est enfuie à l’étranger après le meurtre non élucidé de sa tante, survenu à Londres. Elle rencontre Gregory, qui est en réalité l’assassin. Il est toujours à la recherche des bijoux, qu’il n’était pas parvenu à trouver lorsqu’il a commis son forfait.

Paula est séduite par cet homme avenant qu’elle finit par épouser. Elle se laisse convaincre de revenir habiter dans la maison où sa tante a été étranglée. Gregory commence alors à la manipuler afin de la faire interner dans un asile psychiatrique, dans le but d’avoir finalement le champ libre pour continuer la prospection des recoins sombres de cette demeure supposée abriter des trésors cachés. Paula va progressivement sombrer dans une espèce de confusion paranoïaque la conduisant irrémédiablement à la folie. Fort heureusement pour elle, un détective, ayant repris l’affaire non classée du crime de sa tante, finit par démasquer Gregory et la libérer de ce vrai cauchemar éveillé.

Dans la vie de tous les jours le détournement cognitif est devenu une technique de manipulation visant à faire douter, celui qui en est l'objet, de ses propres facultés mentales. Lorsque la cible ne se fie plus à ses propres perceptions, il est alors plus facile de la déstabiliser et de la rendre totalement dépendante.

D'un point de vue purement pratique, le détournement cognitif s’exerce donc de préférence sur une personne qui doute de ses capacités, de ses idées et de ses valeurs. Bref, qui n'a pas confiance en elle.
En jouant sur l'insécurité ou la vulnérabilité existant chez un grand nombre d’individus, les manipulateurs ont ainsi de beaux jours devant eux !
À première vue, il semble que le meilleur moyen de neutraliser ce genre d’abus est d'acquérir une certaine confiance en soi. Or, cela n'est pas si simple pour de multiples raisons.

D'abord, parce que les croyances que nous avons sont habituellement fortement enracinées et qu'il est particulièrement difficile de les modifier. D'autre part, ces croyances ne sont pas obligatoirement préjudiciables. Nous pouvons avoir certaines idées complètement loufoques ou déplacées, sans que cela porte à conséquence à la bonne marche de notre existence. Par ailleurs, il est impossible de lire les intentions des autres, si ce n'est qu’à travers le résultat de nos interactions avec eux. Et, là encore, notre tendance à faire porter le chapeau à autrui, en l'accusant de nous avoir manipulés, n'est pas toujours juste. En définitive, nous sommes souvent victimes de nos propres errances, sans que quelqu’un en particulier cherche à nous faire trébucher.

 

Quand nous avons tendance à suspecter une influence extérieure d’être à l’origine de nos mauvaises expériences, il est fort probable de trouver les responsables de notre malheur, mais cela ne modifiera pas pour autant l'issue de nos relations. Nous n'avons en réalité effectué aucun changement pour qu’il en soit autrement. Si bien que la chose la plus importante, lorsque nous avons de bonnes raisons de suspecter un antagonisme insidieux s’exerçant contre nous, est d'en vérifier les preuves factuelles.

Pour se libérer de ce genre de manipulation, il est alors essentiel de ne pas se fier à sa seule intuition, mais au contraire de découvrir les éléments probatoires qui nous permettent de dresser une accusation justifiée. Parce qu'en fin de compte, c'est bien cela qui importe : savoir faire la différence entre un individu vraiment malveillant qui veut causer notre perte et une personne qui a juste un mauvais caractère.

Comme dans le film «Gaslight», ceux qui veulent nous nuire ont généralement un mobile précis. Que ce soit l’appât du gain ou le sentiment de prendre une juste revanche. Aucune personne malveillante n’agit sans une idée derrière la tête.
Si nous ne parvenons pas à trouver ces preuves, il se présente alors deux possibilités : soit nous manquons de lucidité et de logique, soit il n'en existe simplement pas. Dans ce dernier cas, il est alors fort probable que nous soyons exagérément méfiants ou que nous souffrons d'un complexe d'infériorité qui nous fait redouter d’être négligés. À ce stade de notre analyse, nous avons alors le choix de juger : soit nous manquons de confiance en nous, en raison de cette personne que nous accusons de détournement cognitif, ce qui est bien sûr la solution la plus expéditive, mais qui ne nous guérit en aucun cas d'une possibilité de récidive, soit nous devons nous efforcer de communiquer rationnellement avec cette personne, afin de nous assurer d'une part qu’elle nous veut vraiment du mal, ce qui n'est pas si sûr, et d'autre part d’essayer d’approfondir notre relation, dans un but de satisfaction réciproque. En choisissant cette dernière voie, il ne fait aucun doute que nous ne pouvons que progresser dans la compréhension des autres et par conséquent de nous-même. Ce qui aura certainement pour effet de nous faire surmonter sans trop de difficulté la problématique du détournement cognitif.

N'oublions pas que le but de cet abus est de nous faire douter de notre propre santé mentale. Il suffit donc, pour se rassurer, d'appliquer une stratégie contraire à celle induite par une régression sur soi, afin d'affronter sans peur la réalité en élargissant son champ d’activité.
Cette méthode offre également un autre avantage décisif qui est celui de jauger la disponibilité de notre interlocuteur. S'il se refuse à cette invitation, c’est peut-être la preuve qu'il est vraiment un manipulateur.